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Réindustrialisation
Remise à l’ordre du jour en 2012 par la création d'un ministère du Redressement productif, dirigé par Arnaud Montebourg, l’industrie française a repris des couleurs. Si la crise du Covid a mis en lumière notre dépendance aux importations, notamment par la pénurie de masques dans l’industrie pharmaceutique, le nombre de créations d'usines et relocalisations en France de sites de production souligne la bonne vitalité du secteur industriel français.
Emmanuel Macron, lors d’une visite d’une usine de masque le 31 mars 2020 © AFP – LOIC VENANCE https://www.radiofrance.fr/franceculture/en-marche-vers-quelle-reindustrialisation-3355273
La relocalisation en France des sites de production, des intérêts stratégiques
- La politique de relocalisation est revenue en force avec le plan France Relance, incarné par la déclaration de Bruno Le Maire » Relocaliser, c’est possible « . Ce plan de relance prévoit l’attribution d’aides importantes (un budget de 2,9 milliards d’euros – Source : Economie.gouv.fr) d’ici fin 2022 pour soutenir les projets du territoire et les entreprises de cinq secteurs industriels identifiés comme stratégiques (la santé, les matières premières et métaux, l’électronique, l’agroalimentaire et les applications industrielles de la 5G).
- Les différentes relocalisations à l’œuvre sur le territoire français, boostées par le plan de relance, s’expliquent davantage par des intérêts économiques stratégiques que par un patriotisme économique. En effet, produire à l’autre bout du monde coûte de plus en plus cher : envolée des salaires mais également des coûts de production et des frais de logistique. « Sans parler des factures cachées de la délocalisation comme la reprise des malfaçons, les aléas de livraison, les problèmes de stockage, les risques de péremption, les variations de change, etc.», complète El-Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine. Un enjeu de souveraineté économique anime également les différentes relocalisations à l’œuvre sur le territoire français : la pénurie de masques, blouses et gants lors de la crise sanitaire a jeté un éclairage puissant sur notre dépendance à l’égard des économies asiatiques, et en particulier chinoise.
- Ces différentes raisons, ainsi que le budget accordé par le plan de Relance, explique le regain de relocalisations recensées sur le territoire français : leur nombre est passé de 30 en 2020, à 87 en 2021, soit une progression de 290%.
Le Made in France, un enjeu majeur de la réindustrialisation
- A l’heure où 80 % des biens de consommation proviennent de pays, le « Made in France » constitue un enjeu politique et économique fondamental. En effet, à la suite des différents scandales sanitaires, les consommateurs exigent de plus en plus des produits de qualité fabriqués en France. Au-delà de la crise sanitaire, c’est l’évolution globale de nos modes de consommation qui est en jeu. Les enjeux environnementaux liés à la production des produits ont mis en avant le bénéfice réalisé par une production « made in France » : comme l’indique la Fédération Indépendante du Made in France (FIMIF), « l’importation d’un produit en France génère 58% plus d’émissions de CO₂ qu’un produit fabriqué en France ».
- Au-delà de l’enjeu carbone des produits, les questions sanitaires autour de la traçabilité des aliments sont autant de thèmes qui préoccupent les ménages français et pour lesquels ils accordent une grande confiance aux produits fabriqués en France. Pour convaincre les professionnels et les consommateurs d’acheter français et parfois de payer plus cher, un travail d’information doit être réalisé. Ce travail doit mettre notamment l’accent sur la place de la France dans l’industrie mondiale avec, entre autres, la définition de labels clairs et sans ambiguïté. Le « Made in France », plébiscité de manière grandissante par les Français, nous offre ainsi une formidable opportunité pour redéfinir nos circuits de consommation et donner un nouveau souffle à l’industrie française.
- Le « Made in France » ne doit pas, cependant, constituer le prisme unique sous lequel la question de la production est abordée. En effet, selon Simon Bancel, directeur de Talents Industrie « la question du Made in France ne doit pas éclipser la réflexion sur le circuit court, notamment lorsque les produits ne peuvent être directement issus d’une production française. Il serait, par exemple, impensable de produire certaines denrées alimentaires sur le territoire français sans provoquer de catastrophe écologique. » Tout l’enjeu demeure alors d’envisager, dans le cadre des importations, d’inventer des circuits courts permettant de limiter les intermédiaires et l’empreinte carbone de ces produits.
Source : Liewig Christian/ABACA) https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle/presidentielle-emmanuel-macron-un-social-liberal-devenu-promoteur-de-la-planification-1402671
La réindustrialisation au cœur de dynamiques régionales
La réindustrialisation peut alors accompagner des dynamiques de développement régionales. La région Nouvelle-Aquitaine a développé, par exemple, plusieurs stratégies de développement sur les secteurs de l’électronique, de la chimie des principes actifs des médicaments et des activités de sous-traitance de l’aéronautique. Comme l’explique le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset « Dans notre stratégie industrielle, je crois beaucoup à une croissance endogène sur nos territoires, un système vertueux dans lequel on accompagne les entreprises qui innovent, qui font de la R&D, qui recrutent… Nos régions sont, aujourd’hui, organisées pour créer un tel écosystème de confiance avec les entreprises. » Même dynamique à l’œuvre au sein de la région Normandie, région plus industrialisée de France, où un budget d’un milliard d’euros va être investi dans l’industrie normande. Les mots du président de la région Normandie, se réjouissant « que l’hémorragie industrielle soit derrière nous. Avec de très belles perspectives » soulignent que l’industrie française a encore de belles choses à apporter à nos territoires.
Les défis de la réindustrialisation
Paradoxalement, le dynamisme de la réindustrialisation se confronte, sur le marché de l’emploi, à un problème systémique : la pénurie de candidats qualifiés pour les nombreux postes ouverts. Comme l’explique Simon Bancel, directeur du cabinet Talents Industrie, « on observe, aujourd’hui, une dichotomie entre le nombre de création de postes dans l’industrie, notamment sous l’effet de la réindustrialisation, et le nombre de candidats potentiels pour les pourvoir ». Autrefois premier employeur en France, l’industrie a perdu son attractivité auprès des jeunes diplômés, notamment dans les secteurs industriels les plus traditionnels (industrie textile par exemple). À cette pénurie de talents s’ajoutent quelques facteurs structurels qui compliquent le processus de réindustrialisation : un écologisme anti-industriel grandissant, l’environnement fiscal, un coût salarial et de formation élevée, les 35 heures… Aussi, l’industrie française doit déployer une stratégie ambitieuse pour dynamiser sa croissance, notamment en menant une réflexion sur le développement de l’industrie 4.0 et l’accompagnement des relocalisations à l’œuvre sur le territoire français. Nous vous proposerons, dans une partie de cette étude consacrée à la réindustrialisation, un focus sur ces industriels qui ont décidé de relocaliser leurs activités de production en France. 😊
Industrie française, les chiffres clés
- 250 307 entreprises dans l’industrie en France en 2019
- 3 126 200 salariés dans l’industrie française en 2020
Source : Etude Insee – Tableau de bord de l’économie française